Rodolphe Martinez reçoit Escales des artistes et Bordeaux pour une visite privée de l’exposition « OR »

 

La série « OR » représente une période de plus de 5 ans de travail et près de 200 pièces diverses qui vont du dessin à la sculpture. La matière dorée est apparue peu à peu pour s’imposer comme un ensemble cohérent. Un travail minutieux sur les variations de l’or. Je voulais que cette matière polysémique traverse l’ensemble des sujets qui me sont chers.

Si l’or fascine comme valeur absolue ou refuge, comme preuve de richesse ou de sophistication, c’est surtout son intemporalité qui m’intéresse dans cette série. Une matière qui n’oxyde pas le temps mai qui l’étire. L’une des propriétés de l’or est d’être ductile, c’est-à-dire de pouvoir être étiré sans rompre. C’est un travail sur le temps plus que sur l’or lui-même.

La couleur de l’or n’est jamais la même. Ses variations sont infinies en fonction de sa composition mais aussi en fonction de son exposition. Capable d’être pur ou de refléter le ciel, l’eau, la peau et de diffuser des centaines de nuances.

Cette série « Or » si elle peut sembler ostentatoire ne cherche pourtant pas les symboles contradictoires et les récits terribles qui accompagnent depuis des millénaires ce métal précieux mais davantage des instants d’éblouissements fugaces. Une mélancolie lumineuse de l’aube et du crépuscule.

Vous traverserez des forêts incandescentes, croiserez des visages, des regards et des corps précieux, toucherez des troncs reliques et des écorces scintillantes, volerez avec des oiseaux d’or, danserez dans des tulles jaunes. Vous regarderez des vanités 24 carats, plongerez dans des eaux et des soleils brûlants, goûterez des baies de raisins serties d’or, partirez vers des lointains en fusion. J’ai voulu fondre ces visions à 1064 degrés

Rodolphe Martinez